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Alfred de Vigny
"La Maison du Berger : Lettre à Eva"
Les Destinées
À Éva
- I
- II
- III
I Si ton cœur, gémissant du poids de notre vie, Si ton âme enchaînée, ainsi que l’est mon âme, Si ton corps frémissant des passions secrètes, Pars courageusement, laisse toutes les villes ; La Nature t’attend dans un silence austère ; Le crépuscule ami s’endort dans la vallée, Il est sur ma montagne une épaisse bruyère Elle va doucement avec ses quatre roues, Je verrai, si tu veux, les pays de la neige, Que Dieu guide à son but la vapeur foudroyante |
Oui, si l’Ange aux yeux bleus ne veille sur sa route, Sur le taureau de fer qui fume, souffle et beugle, Mais il faut triompher du temps et de l’espace, Eh bien ! que tout circule et que les grandes causes Mais, à moins qu’un ami menacé dans sa vie Évitons ces chemins. — Leur voyage est sans grâces, On n’entendra jamais piaffer sur une route La distance et le temps sont vaincus. La science Jamais la Rêverie amoureuse et paisible |
II Poésie ! ô trésor ! perle de la pensée ! Le pur enthousiasme est craint des faibles âmes La Muse a mérité les insolents sourires Ah ! Fille sans pudeur ! Fille du Saint Orphée, Tu tombas dès l’enfance, et, dans la folle Grèce, Tu chantas en buvant dans les banquets d’Horace, Vestale aux feux éteints ! les hommes les plus graves |
Ils sont fiers et hautains dans leur fausse attitude ; Ils ont pour horizon leur salle de spectacle ; L’ombrageux paysan gronde à voir qu’on dételle, Comment se garderaient les profondes pensées Diamant sans rival, que tes feux illuminent Les peuples tout enfants à peine se découvrent Mais notre esprit rapide en mouvements abonde, |
III Éva, qui donc es-tu ? Sais-tu bien ta nature ? Mais si Dieu près de lui t’a voulu mettre, ô femme ! Ta parole joyeuse a des mots despotiques ; Ta pensée a des bonds comme ceux des gazelles, Mais aussi tu n’as rien de nos lâches prudences, C’est à toi qu’il convient d’ouïr les grandes plaintes Viens donc, le ciel pour moi n’est plus qu’une auréole Éva, j’aimerai tout dans les choses créées,
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Elle me dit : « Je suis l’impassible théâtre « Je roule avec dédain, sans voir et sans entendre, « Avant vous j’étais belle et toujours parfumée, C’est là ce que me dit sa voix triste et superbe, Oh ! qui verra deux fois ta grâce et ta tendresse, Vivez, froide Nature, et revivez sans cesse Mais toi, ne veux-tu pas, voyageuse indolente, Nous marcherons ainsi, ne laissant que notre ombre |
Je te promets de Jean-Jacques Goldman
Je te promets le sel au baiser de ma bouche
Je te promets le miel à ma main qui te touche
Je te promets le ciel au dessus de ta couche
Des fleurs et des dentelles pour que tes nuits soient douces
Je te promets la clé des secrets de mon âme
Je te promets ma vie de mes rires à mes larmes
Je te promets le feu à la place des armes
Plus jamais des adieux rien que des au-revoirs
J'y crois comme à la terre, j'y crois comme au soleil
J'y crois comme un enfant, comme on peut croire au ciel
J'y crois comme à ta peau, à tes bras qui me serrent
J'te promets une histoire différente des autres
J'ai tant besoin d'y croire encore
Je te promets des jours tout bleus comme tes veines
Je te promets des nuits rouges comme tes rêves
Des heures incandescentes et des minutes blanches
Des secondes insouciantes au rythme de tes hanches
Je te promets mes bras pour porter tes angoisses
Je te promets mes mains pour que tu les embrasses
Je te promets mes yeux si tu ne peux plus voir
J'te promets d'être heureux si tu n'as plus d'espoir
J'y crois comme à la terre, j'y crois comme au soleil
J'y crois comme un enfant, comme on peut croire au ciel
J'y crois comme à ta peau, à tes bras qui me serrent
J'te promets une histoire différente des autres
Si tu m'aides à y croire encore
Et même si c'est pas vrai, si on te l'a trop fait
Si les mots sont usés, comme écrits à la craie
On fait bien des grands feux en frottant des cailloux
Peut-être avec le temps à la force d'y croire
On peut juste essayer pour voir
Et même si c'est pas vrai, même si je mens
Si les mots sont usés, légers comme du vent
Et même si notre histoire se termine au matin
J'te promets un moment de fièvre et de douceur
Pas toute la vie mais quelques heures ...
Je te promets le sel au baiser de ma bouche
Je te promets le miel à ma main qui te touche
Je te promets le ciel au dessus de ta couche
Des fleurs et des dentelles pour que tes nuits soient
douces...